30.6.07

La passe dangereuse, de William Somerset Maugham

Je n'avais jamais rien lu de Somerset Maugham, et je m'en faisais une idée un peu superficielle, liée peut-être aux paroles d'une chanson de Souchon... Je suis tombée sur ce livre par hasard, à la Librairie Gallimard de la Place de Clichy, où j'étais entrée pour acheter un autre livre, dont je vous parlerai quand je l'aurai lu. A mon habitude, j'ai flâné entre les tables, et la jolie couverture du livre m'a attiré l'œil, j'ai été intriguée par le commentaire de la 4ème de couverture... et ma foi, je ne le regrette pas.

Le début du livre en effet donne les apparences de la futilité : une jeune anglaise assez fraîchement mariée, trompe son mari, médecin bactériologiste à Hong-Kong, avec un fonctionnaire britannique. Hum. On se trouve immédiatement embarqué au coeur de la problématique de cette jeune écervelée, dont l'infidélité selon toute apparence a été démasquée par l'époux. La suite du roman dévoile peu à peu des personnalités plus complexes qu'on ne l'aurait cru, nous entraînant dans une ville chinoise dévastée par le choléra, et dans un couvent de sœurs françaises qui se dévouent aux jeunes orphelines et aux soldats décimés par la maladie. Le personnage de Kitty prend alors plus d'épaisseur. C'est à travers ses yeux qu'on découvre cet univers, puissamment évoqué malgré une grande économie de mots, et qu'on suit la quête universelle du sens de la vie humaine.

Comme dans tous les romans du début du vingtième, on perçoit la tension permanente des êtres, entre respect des convenances, recherche d'un statut et du confort qui va avec, et la prise en compte de la psychologie personnelle. Dans un monde qui devient plus libre, et où les protagonistes peuvent choisir leur destinée, au moins pour partie, se pose la question des valeurs, et de l'amour sincère comme unique viatique face à la vanité de la condition humaine.

Vite lu, moins de 200 pages, ce roman est à la fois très dépaysant... et incitatif à la réflexion. Somerset Maugham rejoint certaines de mes convictions, et ma foi, comme Kitty, je me dis assez régulièrement que la seule vocation qu'on ait sur cette terre, c'est peut-être de donner un peu de bonheur à ceux qui nous aiment, et en tous cas d'aimer assez ses proches pour être compréhensif et indulgent avec eux... Le meilleur de la vie n'est-il pas de dessiner des sourires sur les visages d'autrui ?

Les deux commentaires de lecteurs rapidement identifiés, sur Lilly et ses livres et exGobz, sont plutôt positifs. On pourra également trouver une présentation de l'ouvrage sur le site de la collection 10/18, et la fiche de l'auteur sur Wikipedia.

Un film, sorti en mars de cette année, a été tiré du bouquin : Le voile des illusions (d'après le titre original du livre : The Painted Veil). Les critiques restituées sur AlloCiné sont très mitigées, du moins pour la presse, les spectateurs se montrant plus indulgents. Mais le simple visionnage de la bande annonce ne me donne pas envie de voir le film, qui m'apparaît très loin du bouquin : trop d'emphase, pas de respect des dialogues, voire des intentions de l'auteur et de ses personnages, on est semble-t-il assez loin de la sobriété de moyens, et de l'ironie tour à tour mordante ou bienveillante, qui font la force du livre.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Il est toujours difficile de bien juger l'adaptation cinématographique d'un livre que l'on a apprécié ; les raisons en sont bien sûr évidentes : le réalisateur a toujours tendance à digérer l'histoire et à nous la servir selon sa propre vision et c'est un peu normal. Il existe certaines exceptions où le respect du livre est total (avec l'exactitude des dialogues) mais là alors il s'agit plus d'un téléfilm reconstituant une histoire écrite où le réalisateur s'efface totalement derrière l'oeuvre.
Or, il nous a été maintes fois prouvé que l'adaptation libre d'un ouvrage par un cinéaste de talent valait le détour.
Je n'ai pas lu le livre (mais compte le faire très prochainement), cependant, je peux dire que le film sorti en mars dernier et dont j'attends avec impatience la sortie en DVD ces jours-ci, m'a totalement emballée.
Certains se plaignent d'une certaine longueur mais j'aurai plutôt tendance à dire qu'elle sert le film en lui conférant une langueur et une moiteur tropicales en total accord avec le paysage choisi.
Le jeux des acteurs est merveilleux, tout en retenue et finesse. Donc je ne suis pas mécontente de ne pas avoir lu le livre avant.
je pense au moment de bonheur que j'ai ressenti à la fin de cette séance et qui a continué à sourdre encore et encore dans mon souvenir. Cela faisait très longtemps qu'un film ne m'avait émue à ce point.
Il faut absolument voir ce film en DVD.

Hélène a dit…

Hum, avant de suivre ton avis, chère anonyme, j'attends que tu aies lu le livre, et que tu reviennes ici nous dire si le film a la même force que le livre, et si le propos de l'auteur, ses intentions (éléments qui m'ont séduite dans ce livre) ne sont pas dénaturés. A bientôt ?

Anonyme a dit…

je suis d'accord avec helene en disant que le livre degage une grande force, j'ai adoré ! mais je ne veux quand meme pas critiquer le film (le voile des illusions) sans l'avoir vu et je compte le faire prochainement, j'espere que je serai autant touchée en le regardant que je l'aie été en lisant le livre.

Anonyme a dit…

J'ai lu le livre et vu le film. Le film me parait très fidèle au livre dans l'ensemble, bien que la fin de l'histoire soit légèrement modifiée. J'ai préféré le film au livre, notamment en ce qui concerne la fin, elle m'a paru plus positive même si très dure. C'était la première fois que je préférais l'adaptation cinématographique au livre. Si on rajoute à ça les beaux paysages et l'interprétation des acteurs, je pense que tous les amateurs du livre doivent trouver leur bonheur !

victoire a dit…

Je suis d'accord avec cet internaute anonyme pour dire que le film paraît assez fidèle au livre juqu'à la fin assez différente. Les derniers mots prononcés par Walter : "C'est le chien qui mourut" me laissent une forte impression. Il me serait utile de commenter cette dernière phrase de l'Elegie de Goldsmith : "Après des années de fidélité, un chien mord son maître. A la surprise générale, c'est le chien qui meurt"....

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