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6.8.06

Eloge des femmes mûres, de Stephen Vizinczey

A quoi bon vanter cet ouvrage dont toute la presse a déjà fait l'éloge, presque au-delà du raisonnable ? Je ne sais plus où j'ai lu que ce bouquin était incontournable... tant et si bien que je l'ai acheté. Je ne l'éreinterai pas pour autant : je l'ai lu d'une seule traite, et sans m'ennuyer une minute. Mais qu'ai-je appris dans ce livre que tous s'accordent à voir comme une sorte de roman initiatique ? Étant moi-même une femme mûre, et même un peu plus que celles dont nous parle l'auteur, je savais déjà ce qui me sépare de l'adolescente idiote ou de la jeune femme rigide que je fus, comme tant d'autres...
Il reste cependant toujours intéressant, pour mieux comprendre ce que sont les hommes, de les entendre nous parler de nous, de leurs relations avec nous, ce que finalement ils ne font pas si souvent avec cette franchise.

Mais je crois que ce que j'ai préféré dans ce livre, c'est le cheminement de vie de cet homme, bousculé par les événements de l'histoire, et qui n'en a pas moins réussi à développer son travail d'universitaire... tout en se gardant toujours assez de temps pour le passer avec les femmes. Certes, avec des maîtresses, ce qui est toujours plus facile à concilier avec la vie que les épouses, surtout lorsqu'elles ont des enfants. Mais tout de même... Ce qu'il a de touchant, c'est qu'il tombe amoureux... parfois peut-être seulement parce qu'il se sent seul, ce qui est le lot de tout célibataire, homme ou femme, par choix ou par circonstance. Mais il apparaît au moins sincère et investi dans ses relations avec les femmes. Et je crois en effet qu'on peut l'être, même dans des relations relativement éphémères. Seule la durée est un problème, dans ce monde où tout va de plus en plus vite alors que nous vivons de plus en plus longtemps... Mais il montre bien aussi que même avant la "libération sexuelle" (dont je me demande toujours si c'en est vraiment une...), les couples étaient déjà confrontés à cette problématique, et s'en arrangeaient tant bien que mal.

Ce que j'ai aimé aussi, c'est l'ambiance générale du bouquin. Une pensée moderne et libertaire dans le monde raffiné et un peu suranné de l'Europe de l'Est. Et le regard qu'il porte sur les pays qu'il traverse... dont les différences culturelles sont traitées sous l'angle finalement assez pertinent du rapport entre les hommes et les femmes. Oui, finalement, on peut dire ça : le degré de civilisation se mesure à la qualité des relations entre les hommes et les femmes, à leur émancipation réelle. Et dans ce sens, oui, sûrement, Stephen Vizinczey est quelqu'un de très civilisé...

Decitre reprend les extraits de critiques que l'on peut lire en couverture du livre, tandis qu'Alexandre Roulois pour encritude nous raconte quasiment tout le bouquin avant d'en faire le même éloge que tout le monde. Le Serveur Hélène reprend les termes d'une interview de l'éditeur. Les lecteurs sont toutefois plus circonspects sur le Club des rats de biblio-net. Je ne suis pas aussi sévère qu'eux... même si moi aussi je me méfie toujours des critiques de presse, qui, soucieux peut-être de paraître n'avoir point perdu leur fraîcheur et leur capacité à s'enthousiasmer... s'enthousiasment parfois plus que de raison ! Ceci étant, je pense que ce livre s'appréhende très différemment selon le moment de sa vie auquel on le lit !
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