J'avais lu ce livre adolescente, et je me souvenais seulement qu'il m'avait plu. L'argument est séduisant : un Lord anglais et un archéologue, se font ouvrir un tombeau inviolé, qui selon toute apparence est celui d'un pharaon, ou du moins d'un personnage très important, compte tenu de la taille du tombeau et de sa somptueuse décoration. En ouvrant le sarcophage, l'archéologue découvre un rouleau de papyrus, qu'il prendra plusieurs mois à déchiffrer, et qui raconte l'histoire du personnage enveloppé dans les bandelettes.
Même si l'approche est plus romanesque qu'archéologique, l'histoire est plaisante, et permet de se plonger, avec un luxe de descriptions, dans l'époque des pharaons, ou du moins ce que Gautier en imagine, sur les bases des connaissances archéologiques de l'époque.
Ses réflexions sur la légitimité des archéologues à violer les tombeaux, même s'ils nous découvrent des merveilles que nous sommes ravis et avides de connaître, ne sont pas dénuées d'intérêt et de fondement... Il m'est arrivé d'avoir le cœur serré devant les momies qu'on expose au Louvre ou dans d'autres musées : il n'est pas certain que les intéressés eussent apprécié cette célébrité posthume, alors qu'ils avaient pris si grand soin de cacher leur dépouille en vue d'une autre vie...
Une lecture plaisante, offerte par René Depasse sur Litterature audio.com.
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14.1.11
Mademoiselle de Maupin, de Théophile Gautier
Que Mademoiselle de Maupin ait scandalisé lors de sa publication ne surprend guère.
Qu'une jeune fille ait l'idée de se déguiser en homme pour se mêler à la vie masculine, en surprendre les secrets, savoir comment les messieurs se comportent lorsqu'ils sont hors d'atteinte des yeux et des oreilles de leurs épouses ou maîtresses, afin de savoir à quoi s'en tenir avant de donner son cœur, était sans doute déjà une idée assez choquante. Mais Gautier profite de ce stratagème pour mettre ses personnages en situation d'éprouver des sentiments ambigus entre personnes de même sexe, ce qui devait choquer plus encore. Son Théodore, sous lequel se déguise Madeleine de Maupin, est en effet courtisé par les femmes, mais aussi aimé par un homme qui ne sait pas tout de suite, même s'il finit par le deviner, qu'elle est une femme.
La forme du roman, en grande partie épistolaire, laisse à chacun des protagonistes le loisir d'épancher auprès de leurs confidents respectifs leurs sentiments et sensations. Gautier au demeurant va assez loin dans la description des scènes amoureuses, qu'il s'agisse des agaceries qui servent tantôt de cour, tantôt de prémisses, ou des mises en scène fantasques imaginées par les amants pour pimenter leurs ébats. Quand on voit, à la même époque, comment Dumas emploie de précautionneuses périphrases, voire l'ellipse la plus complète dès qu'on pénètre un peu trop avant dans l'intimité des rapports amoureux, et comment même il s'excuse auprès de son lecteur de ce que ses propos masqués peuvent laisser imaginer, on envisage assez bien que la liberté de Gautier, qui touche au libertinage, devait soulever le cœur des bien-pensants.
A notre époque aux mœurs débridées, ce n'est pas cela qui peut choquer, mais bien plutôt la place de la femme dans la société, celle que les hommes lui assignent, et la manière dont même ceux qui se prétendent les poètes les plus raffinés, répétant à l'envi leur aspiration à un amour passionné et partagé, les considèrent comme des objets sur lesquels ils ont des droits de propriétaire. Mais Mademoiselle de Maupin sait bien s'affranchir de cette prétention des hommes à la domination des femmes, et c'est elle qui aura le dernier mot, à la fois dans le romantisme amoureux, dans la sagesse de la connaissance de l'âme humaine, et dans la liberté tout court. Cela sans doute dut aussi déplaire à la sortie du livre, mais en rend la lecture réjouissante à une femme d'aujourd'hui.
Si les digressions métaphysiques des épistoliers, en particulier d'Albert, sont souvent trop longues et un peu ennuyeuses, les questionnements et les tourments sur l'amour sont de toute époque, et entrent en résonance avec ce que sans doute nous sommes nombreux à avoir, peu ou prou, éprouvé, à la recherche de l'âme sœur. Plus personne en revanche ne sait sans doute déployer comme Gautier tout un vocabulaire précieux et de nombreuses métaphores pour décrire la beauté, en particulier celle des femmes, à laquelle il est visiblement particulièrement sensible. Il est sans doute influencé par le courant néoclassique de son époque, qui remettait l'Antiquité au goût du jour, qu'il s'agisse d'art, d'architecture... ou de principes politiques, les nouvelles républiques s'intéressant de près à celle de Rome. Les témoignages artistiques de l'Antiquité laissent penser que l'esthétique était une valeur première, et la théorie de Gautier est qu'elle l'emporte sur tout le reste en matière de sentiment amoureux. Une vision romantique un peu courte sans doute, mais cependant développée avec un certain charme.
Quant à moi, comme j'ai aimé qu'au mépris de toute vraisemblance, Gautier fasse revivre Pompéi au temps de Titus le temps d'une nuit, le subterfuge imaginé par Mademoiselle de Maupin pour se glisser dans la peau d'un homme me réjouit tout autant : j'ai longtemps rêvé de pouvoir moi même me glisser en observatrice dans un cerveau et un corps masculin pour comprendre ce qu'il y a de commun et de distinct entre l'homme et la femme.
Comme à son habitude, René Depasse nous livre une lecture magistrale, offerte sur Litterature audio.com, qui fait vivre le texte, et permet de surmonter même les passages parfois un peu longuets des états d'âmes de d'Albert, qu'on a parfois envie de gifler pour qu'il se ressaisisse.
Qu'une jeune fille ait l'idée de se déguiser en homme pour se mêler à la vie masculine, en surprendre les secrets, savoir comment les messieurs se comportent lorsqu'ils sont hors d'atteinte des yeux et des oreilles de leurs épouses ou maîtresses, afin de savoir à quoi s'en tenir avant de donner son cœur, était sans doute déjà une idée assez choquante. Mais Gautier profite de ce stratagème pour mettre ses personnages en situation d'éprouver des sentiments ambigus entre personnes de même sexe, ce qui devait choquer plus encore. Son Théodore, sous lequel se déguise Madeleine de Maupin, est en effet courtisé par les femmes, mais aussi aimé par un homme qui ne sait pas tout de suite, même s'il finit par le deviner, qu'elle est une femme.
La forme du roman, en grande partie épistolaire, laisse à chacun des protagonistes le loisir d'épancher auprès de leurs confidents respectifs leurs sentiments et sensations. Gautier au demeurant va assez loin dans la description des scènes amoureuses, qu'il s'agisse des agaceries qui servent tantôt de cour, tantôt de prémisses, ou des mises en scène fantasques imaginées par les amants pour pimenter leurs ébats. Quand on voit, à la même époque, comment Dumas emploie de précautionneuses périphrases, voire l'ellipse la plus complète dès qu'on pénètre un peu trop avant dans l'intimité des rapports amoureux, et comment même il s'excuse auprès de son lecteur de ce que ses propos masqués peuvent laisser imaginer, on envisage assez bien que la liberté de Gautier, qui touche au libertinage, devait soulever le cœur des bien-pensants.
A notre époque aux mœurs débridées, ce n'est pas cela qui peut choquer, mais bien plutôt la place de la femme dans la société, celle que les hommes lui assignent, et la manière dont même ceux qui se prétendent les poètes les plus raffinés, répétant à l'envi leur aspiration à un amour passionné et partagé, les considèrent comme des objets sur lesquels ils ont des droits de propriétaire. Mais Mademoiselle de Maupin sait bien s'affranchir de cette prétention des hommes à la domination des femmes, et c'est elle qui aura le dernier mot, à la fois dans le romantisme amoureux, dans la sagesse de la connaissance de l'âme humaine, et dans la liberté tout court. Cela sans doute dut aussi déplaire à la sortie du livre, mais en rend la lecture réjouissante à une femme d'aujourd'hui.
Si les digressions métaphysiques des épistoliers, en particulier d'Albert, sont souvent trop longues et un peu ennuyeuses, les questionnements et les tourments sur l'amour sont de toute époque, et entrent en résonance avec ce que sans doute nous sommes nombreux à avoir, peu ou prou, éprouvé, à la recherche de l'âme sœur. Plus personne en revanche ne sait sans doute déployer comme Gautier tout un vocabulaire précieux et de nombreuses métaphores pour décrire la beauté, en particulier celle des femmes, à laquelle il est visiblement particulièrement sensible. Il est sans doute influencé par le courant néoclassique de son époque, qui remettait l'Antiquité au goût du jour, qu'il s'agisse d'art, d'architecture... ou de principes politiques, les nouvelles républiques s'intéressant de près à celle de Rome. Les témoignages artistiques de l'Antiquité laissent penser que l'esthétique était une valeur première, et la théorie de Gautier est qu'elle l'emporte sur tout le reste en matière de sentiment amoureux. Une vision romantique un peu courte sans doute, mais cependant développée avec un certain charme.
Quant à moi, comme j'ai aimé qu'au mépris de toute vraisemblance, Gautier fasse revivre Pompéi au temps de Titus le temps d'une nuit, le subterfuge imaginé par Mademoiselle de Maupin pour se glisser dans la peau d'un homme me réjouit tout autant : j'ai longtemps rêvé de pouvoir moi même me glisser en observatrice dans un cerveau et un corps masculin pour comprendre ce qu'il y a de commun et de distinct entre l'homme et la femme.
Comme à son habitude, René Depasse nous livre une lecture magistrale, offerte sur Litterature audio.com, qui fait vivre le texte, et permet de surmonter même les passages parfois un peu longuets des états d'âmes de d'Albert, qu'on a parfois envie de gifler pour qu'il se ressaisisse.
2.1.11
Arria Marcella, Souvenir de Pompéi, de Théophile Gautier
Quand je pars en voyage, j'aime lire des livres qui se rapportent aux lieux que je visite, pour rester pleinement dans l'ambiance. Même si j'étais à Rome pour les vacances de Noël, Pompéi, c'est quand même l'Italie, et l'un des sites antiques les plus magiques que j'aie visités, avec Herculanum, qu'il faut voir aussi pour mieux comprendre Pompéi. Ce récit de Théophile Gautier ne pouvait donc que me séduire, et je l'ai emporté sur mon petit lecteur MP3, que j'ai par ailleurs bourré à bloc de récits de voyage, dont je vous parlerai une prochaine fois.
J'avais beaucoup aimé, adolescente, Le Roman de la momie, que je relirai sans doute, car je ne m'en souviens plus en détail. Cette évocation de Pompéi m'a également charmée.
Ce que j'aime chez les auteurs du 19ème siècle, c'est qu'ils n'hésitent pas à débrider leur imagination, sans se soucier de crédibilité, et savent donner chair aux rêveries que le touriste romantique ne fait qu'effleurer un instant devant un beau paysage ou un site évocateur comme l'est, ô combien, celui de Pompéi. C'est ainsi que l'un des trois jeunes gens qui visitent le site antique s'est laissé séduire le matin même par l'empreinte d'un torse de femme qu'il a vue au musée archéologique de Naples. Cette empreinte, retrouvée sur le site de Pompéi, est celle d'une jeune femme qui a péri dans l'horrible catastrophe qui nous a laissé de si beaux vestiges. Le soir, après une visite guidée des ruines et un bon repas avec ses amis dans une auberge de Pompéi, Octavien ne peut dormir, et retourne sur le site, où il vivra une nuit magique dans la ville antique ressuscitée, à l'époque de Titus. Bien sûr, il y rencontrera la jeune femme dont la belle empreinte l'a si fortement ému dans le musée des Studii. Arria Marcella ne manque pas de caractère, et la nuit du jeune homme sera, on s'en doute, tout à fait passionnée...
Une très agréable lecture, offerte par René Depasse et disponible sur le site Litterature audio.com.
J'avais beaucoup aimé, adolescente, Le Roman de la momie, que je relirai sans doute, car je ne m'en souviens plus en détail. Cette évocation de Pompéi m'a également charmée.
Ce que j'aime chez les auteurs du 19ème siècle, c'est qu'ils n'hésitent pas à débrider leur imagination, sans se soucier de crédibilité, et savent donner chair aux rêveries que le touriste romantique ne fait qu'effleurer un instant devant un beau paysage ou un site évocateur comme l'est, ô combien, celui de Pompéi. C'est ainsi que l'un des trois jeunes gens qui visitent le site antique s'est laissé séduire le matin même par l'empreinte d'un torse de femme qu'il a vue au musée archéologique de Naples. Cette empreinte, retrouvée sur le site de Pompéi, est celle d'une jeune femme qui a péri dans l'horrible catastrophe qui nous a laissé de si beaux vestiges. Le soir, après une visite guidée des ruines et un bon repas avec ses amis dans une auberge de Pompéi, Octavien ne peut dormir, et retourne sur le site, où il vivra une nuit magique dans la ville antique ressuscitée, à l'époque de Titus. Bien sûr, il y rencontrera la jeune femme dont la belle empreinte l'a si fortement ému dans le musée des Studii. Arria Marcella ne manque pas de caractère, et la nuit du jeune homme sera, on s'en doute, tout à fait passionnée...
Une très agréable lecture, offerte par René Depasse et disponible sur le site Litterature audio.com.
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