1.4.07

Tu, mio, de Erri De Luca

Je continue avec Erri De Luca. Tu, mio ("Tu es mien" en italien) résonne moins fort pour moi, en tous cas différemment de Trois chevaux.

Bien que l'auteur ne le dise pas expressément, quelques noms de lieux indiquent avec précision que l'histoire se passe sur l'île d'Ischia, au large de Naples. Je n'y ai passé qu'une seule journée avec Dino il y a bientôt deux ans, et je me souviens d'une profusion de lauriers roses, de belles plages de sable qui brûlaient les pieds, de maisons blanches, de routes accidentées qui nous obligeaient à nous agripper n'importe où pour ne pas tomber dans le bus, de magnifiques vues sur la mer, d'une chaleur écrasante, d'un vendeur de jus d'oranges pressées... et d'une envie de revenir un jour où il y aurait moins de touristes... J'ai adoré Ischia avant même d'avoir le temps de la connaître...

Tu, mio raconte à la fois le basculement de l'adolescence vers l'âge adulte d'un personnage dont on ne connaît pas le nom, et la difficulté de négocier avec une histoire récente qu'on n'a pas vraiment vécue, mais qui imprègne toute la vie de nos parents, en l'occurrence la dernière guerre mondiale. Encore moins simple sans doute pour des italiens qui furent contraints de combattre sous le commandement allemand, et de napolitains qui se sont retrouvés sous une forme d'occupation américaine au sortir de la guerre, Naples étant encore aujourd'hui une base militaire américaine.

Le jeune héros, qui parle à la première personne, partage son temps entre la pêche en mer, où il accompagne son oncle et Nicola, le pêcheur qui a participé à la guerre en Yougoslavie, et les soirées en bandes avec son cousin plus âgé, Daniele, qui joue de la guitare et séduit les touristes étrangères. Il y fait connaissance avec une jeune fille juive, venue passer ses vacances sur l'île, chez une camarade de collège. Contre toute attente, une complicité se noue entre eux, mais les émois d'un premier amour prennent une direction inattendue, qui va modeler l'état d'esprit du jeune garçon au moment où il devient un jeune homme...

L'écriture de De Luca a toujours cette puissance sobre qui nous fait entrer dans la tête des personnages. Et j'adore aussi la couverture du livre, une belle photo de plage noyée dans une lumière dorée...

Les critiques et avis de lecteurs vont toujours dans le même sens : "une écriture épurée, dépouillée et poétique", comme l'évoque Calou. Charlotte ne le dit pas explicitement, mais elle a visiblement aimé, et les deux critiques de lecteurs du Club des rats de biblio-net donnent respectivement 5 et 4 sur 5 à l'ouvrage. Du côté des journalistes-critiques, Culture et Révolution évoque "Un récit rapide, nuancé et d'une belle intensité", tandis-que le Matricule des Anges livre une critique beaucoup plus fournie que la mienne, et à laquelle j'adhère. Les Editions Rivages rappellent seulement le texte de la 4ème de couverture, mais j'aime bien la mise en page du site.

Pour en savoir plus sur l'auteur : Comme un Roman propose un dossier assez complet, avec un mini résumé de ses principaux ouvrage. Esprits Nomades dessine une biographie d'Erri De Luca ponctuée par ses ouvrages et des citations d'interviews.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour ces critiques d'Erri de Luca. Cela me donne très envie de découvrir cet auteur!

Hélène a dit…

Merci à toi de me lire ! J'espère que tu prendras plaisir dans la lecture d'Erri De Luca. Mais si j'en crois ton blog, nous partageons quelques goûts communs...

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