Carnets d’Europe retrace les bribes d’un parcours de 2 semaines, de Brest à Brest. 8 000 km, soit plus de 500 par jour, il ne fallait pas trop traîner en route. J’aime les commentaires, régulièrement ironiques ou désabusés, souvent interrogateurs, toujours instructifs : ce garçon là connait mieux son histoire que moi. Je sais, c’est mon point faible : j’ai beau être convaincue que c’est indispensable de connaître l’histoire pour comprendre le monde dans lequel on vit, je n’arrive pas à la retenir… C’est pourquoi je ne voyage jamais sans un bon guide pour me rappeler celle des lieux que je traverse. Carnets d’Europe, à sa façon, pourrait en être un… même si je ne suis pas sûre de vouloir m’arrêter aux mêmes endroits… Pourtant, les postes frontières sont signifiants, tout comme la densité des supermarchés, leur contenu toujours pléthorique et de plus en plus semblable dans toutes les régions du monde. Mais je préfère les « beautés dont on ne peut rendre compte, surtout par la photographie », pour reprendre à peu près les termes du photographe lorsqu’il passe à Venise. Je ne sais pas si j’irais visiter Auschwitz. J’ai tellement pleuré en regardant Shoah de Lanzmann, que je me demande ce que je pourrais y apprendre de plus… et je me demande toujours si soumettre son regard à l’horreur, ce n’est pas finir par s’y habituer. Ce qui est sûr, c’est que je ne pourrais pas y faire de « photos souvenirs ». D’ailleurs, je hais les photos souvenirs…
Mais parlons photo, justement. Carnets d’Europe est autant un livre de photos qu’un carnet de voyage, comme j’aimerais savoir en faire d’ailleurs. Première expérience avec la photo numérique. Patrick se traite d’australopithèque en la matière. Moi, je trouve qu’il s’en sort bien, évidemment. Je suis d’accord avec lui : le numérique fait éclater les couleurs, parfois trop. Il en joue bien. Et finalement, ce n’est pas étonnant : le côté parfois presque artificiel de ces couleurs pétantes, outre qu’en effet il reflète bien les artifices de notre société de consommation et ce « grand marché européen » qu’il a traversé, rappelle par instant le caractère étonnant des photos peintes qu’il confectionnait il y a quelques années, donnant une vie étrange et fascinante à des tirages noir et blanc avec des encres de couleur… J’en ai encore dans mon bureau. Et je les aime toujours autant.
Bref, Carnets d’Europe est une balade que je vous conseille, deux heures de dépaysement dans la patrie qui est désormais la nôtre, et que, comme il le dit, nous connaissons si mal.
Aucune critique de lecteurs pour ce livre : il faudra donc vous contenter de la mienne et me croire sur parole !
Mais on peut voir quelques photos sur le site de Signatures, et en savoir plus sur Patrick Bard en passant par le lycée La Providence.
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