
On y voit la peinture d'un pays qui s'appauvrit de plus en plus, tandis que les moeurs se délitent et que le peuple perd sa dignité, n'ayant plus l'espoir de pouvoir vivre décemment de son travail, l'économie traditionnelle ayant été détruite sans être remplacée par un système plus efficace, bien au contraire.
Et la pièce d'or dans tout ça ? C'est une sorte de talisman, offert par une sorte de djinn, et transmis par une aïeule à l'épouse de Ba'Moïse. Elle ne doit en aucun cas être vendue ou perdue : tant qu'elle restera dans le foyer, elle sera garante de l'espoir et de possibles jours meilleurs. A la fin de l'ouvrage, cette pièce d'or devient la quête de toute la population : c'est la pièce échappée de l'écuelle du Condorong, que les tenants du pouvoir se sont appropriés. Mais l'écuelle sans la pièce n'est rien, rassembler les deux garantit la richesse éternelle. Seulement, la pièce d'or est détenue par quelqu'un du peuple, et le peuple n'est plus disposé semble-t-il à se laisser plumer...
Sans doute ce livre évoque-t-il des mythes africains dont la connaissance échappe au lecteur occidental néophyte. La peinture sociale est en revanche tout à fait lisible, et on y retrouve, comme dans le roman d'Adame Ba Konaré, une société constrastée où un petit nombre de nantis s'étourdissent dans un luxe ahurissant tandis qu'une grande partie du peuple vit sur les décharges des grandes villes.
Cependant, même si on la comprend, la ritournelle lancinante de la critique du pouvoir, et du "grondement lourd et sourd qui monte des entrailles de la terre" gâche un peu selon moi la magie, et partant la puissance de ce qui pourrait être un conte philosophique.
Il faudra que je lise Le Baobab fou, qui semble assez largement inspiré de la vie réelle de Ken Bugul, dont la personnalité et les propos m'avaient bien plu lors de la conférence sur l'excision, et du bref échange que j'ai eu avec elle lorsqu'elle m'a signé son livre.

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