21.3.06

Le passé, d'Alan Pauls

Décidément, je trouve la littérature étrangère plus dynamique que la littérature française ces temps-ci... Alan Pauls est Argentin. Il est plus âpre que Tarun Tejpal, et on grince parfois des dents. Mais il nous plonge dans son univers, et nous accroche jusqu'à la fin : même s'il nous secoue, on ne lâcherait prise pour rien au monde.

Hum. L'amour est cruel. Même et surtout quand il est absolu. Et le passé colle aux dents. Si Rimini croit qu'il se débarrassera aussi facilement de Sofia, il se trompe. Cependant, il résiste, avec une capacité à supporter ce qui fait mal, voire à se l'infliger, qui laisse perplexe. L'instinct de vie lutte perpétuellement avec l'instinct de mort. Il prétend mener sa vie selon sa volonté, mais se laisse manipuler par des femmes qui ne le rendent pas heureux. Sauf Sofia, au début. Mais après, elle devient une sorte de cauchemar récurrent surgissant aux moments les plus improbables, certaine quant à elle que la rupture fut une erreur grossière et qu'ils ne peuvent vivre qu'ensemble, qu'ils sont ensemble pour l'éternité... Est-ce que Sofia finira par l'emporter ? Je ne dévoilerai pas ici le dénouement de l'intrigue, car elle vaut d'être savourée page après page.

Plusieurs critiques comparent Alan Pauls à Proust. Certes, il aime les longues phrases, les digresssions et les descriptions minutieuses. Mais le ton est résolument différent. Pas de langueur ici, mais au contraire une rage contradictoire, de vivre et de s'autodétruire. Une ironie mordante, une autodérision que je lui envie pour la force qu'elle donne à son personnage. Et une loufoquerie pleine d'assurance qui n'est pas sans rappeler celle de Garcia-Marquez, dont j'avais, comme tout le monde, adoré Cent ans de solitude.

Les critiques ont salué la sortie de l'ouvrage avec des trémolos dans la plume, ce qui m'avait à l'époque donné envie de le lire. Après lecture, je ne suis pas forcément d'accord avec toutes ces critiques, mais je ne regrette pas d'avoir lu le livre. Télérama est sans doute le plus convaincu (et convaincant). La critique de Libé est plus distanciée, et sans doute plus juste. Chronic'art propose une interview de l'auteur, et le blog Touraine Sereine un post déjanté qui ma foi n'est pas si mal torché...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Moi,je crois qu'il n'y a rien à voir entre la littérature latinoaméricaine et García Márquez. Les écrivains de ce-temps ci sont très éloingés du Boom... en fait, ce qu'ils eassaiyent c'est de faire oublier le Boom.

Hélène a dit…

Bonjour Elisa, et merci pour ce message. Mais... je ne sais pas ce qu'est le Boom, une lacune qui m'empêche de saisir pleinement le sens de votre commentaire... Si vous repassez par ici et pouvez nous donner un éclairage ?

Anonyme a dit…

Bonjour, je ne sais pas si en France on le connaît comme ça. Le Boom est ce que beaucoup d'eurepéens et nord-américains ont commencé à admirer de la littérature latinoaméricaine... par example Julio Cortázar, Vargas Llosa, García Márquez, Juan Carlos Onetti, Borges (le meilleur de tous, je pense). Le Boom est devenu si important à cause de la banqueroute de beaucoup de maisons édtitoriales espagnoles... l'Amérique Latine a profité cette situation et à L'Amérique du Sud est née par exemple l'Editorial Sudamericana et au Mexique l'éditorial du Fondo de Cultura Económica... alors... ça c'est le Boom grosso modo. L'intention de beaucoup d'écrivains maintenaint est d'échapper de l'ombre des authors du Boom. Alan Pauls par exemple. Salut.

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