Un garçon naturel, de Patrice Salsa

Je m'étais promis de lire ce livre depuis un moment, après avoir beaucoup apprécié La Signora Wilson du même auteur, et lu un commentaire élogieux sur son premier livre, Un garçon naturel.

Le moins qu'on puisse dire est que Patrice Salsa est un auteur concis. 95 pages, pas une de plus. L'écriture est dépouillée, presque sèche, donnant uniquement les éléments de contexte nécessaires pour qu'on suive bien l'action. Particulièrement frappant lorsqu'on sort de lire des auteurs du XIXème, prolixes en descriptions et digressions de tous ordres, mais pas désagréable pour autant. Pour être concis, Salsa n'en est pas moins entêtant. Si on lit son livre en une soirée, on y pense pendant plusieurs jours.

Le garçon dont il nous parle est en effet paradoxal et troublant. Beau, fils modèle vis à vis de sa mère qui l'élève seule, discipliné et brillant à l'école, où il apparaît presque toujours trop mûr pour son âge, efficace au judo, champion en patins à roulettes. Mais cet enfant trop beau et trop lisse suscite les convoitises, celles des hommes plus particulièrement. Il y fait face avec un mélange pervers de complaisance et de cruauté. En dépit de son jeune âge, c'est lui maîtrise toutes les situations. Et vis à vis des hommes, il n'est pas tendre.
Que se passera-t-il quand son père réapparaît, alors que l'enfant est déjà un adolescent ? Salsa ne nous raconte que le début de ces retrouvailles, de cette découverte devrais-je dire, puisqu'ils ne se sont jamais connus, où le père, rempli de fierté devant ce fils si parfait, semble parvenir à apprivoiser le garçon. La chute, qui laisse ouverts tous les possibles, ne laisse pas d'inquiéter... surtout quand on la rapproche des citations que le garçon consigne soigneusement dans un cahier...

Personnellement, au contraire d'homo-libris, j'ai préféré La Signora Wilson, plus "charnu" à mon sens, dont le labyrinthe est un peu plus complexe pour le lecteur, et que je relirai sans doute, puisque le plus grand défaut de cet auteur à mes yeux est de n'avoir publié que deux livres : on ne peut qu'espérer que ces débuts brillants auront une suite !