3.5.09

Le coeur cousu, de Carole Martinez

On dirait que les hispanophones ont un talent particulier pour la fantaisie, le merveilleux, l'irrationnel rendu crédible parce que la frontière entre les images du langage et le réel, nos rêves d'enfants malhabiles à interpréter le monde et nos réalités d'adultes est effacée, brouillée, annihilée, tant le contenu des histoires nous touche exactement là où notre fibre humaine est la plus tendre, la plus perméable, la plus crédule...

En lisant Carole Martinez (grâce à la Princesse Mumu qui m'a transmis son enthousiasme), j'ai pensé à Garcia-Marquez (Cent ans de solitude) et à Almodovar (Attache-moi, revu il y a peu). Dans la saga de cette famille de six enfants, contée par la plus jeune des filles, il y a autant de poésie, d'imagination, de couleurs éclatantes, d'émotion. Une manière particulière de tisser les fils d'une histoire qui relève des contes orientaux, qui parle au coeur et à l'âme pour nous faire admettre ce que l'esprit rationnel ne saurait concevoir.

Les femmes s'y transmettent d'incroyables dons, parfois terrifiants, au travers d'une boîte mystérieuse accompagnée de prières ancestrales, et qu'elles ne doivent pas ouvrir avant neuf mois après qu'on la leur ait remise, sous peine de voir s'évanouir le sortilège... Les pouvoirs magiques sont différents pour chacune. Pour la mère, Frasquita, ce sera la couture et la broderie, qui transfigure la beauté des femmes et raccomode les fêlures des hommes. Anita sera une conteuse hors pair, Angela une chanteuse à la voix d'oiseau blessé, Martirio une drôle d'entremetteuse avec le monde des morts, Soledad enfin une écrivaine, pour laisser sur le papier la trace de ces destinées, à la fois lumineuses et funestes, et briser le cercle du sortilège...

Tout au long du récit, on est porté par la plume alerte de Carole Martinez, son indulgence ironique pour les faiblesses humaines, sa tendresse pour le besoin d'amour qui hante chaque coeur humain parfois jusqu'à la folie pure, l'habileté avec laquelle elle coud ensemble la réalité des sentiments et l'univers onirique dans lequel évoluent ses personnages. Une lecture dépaysante, qui laisse des étoiles dans les yeux...

Ce premier roman a reçu neuf prix littéraires, et est couvert d'éloges (mérités) chez les journalistes et dans la blogosphère. Comme j'arrive un peu après la bataille, ce serait trop long de les citer tous. Mais Lectures et autres a déjà fait une petite compilation, tout comme Scriptural. Clarabel a aimé, et Dda pour Biblioblog aussi, elles en parlent avec un certain talent.

Buzz littéraire et le Nouvel Obs nous racontent en prime la petite histoire de l'édition du roman et de son succès.

9 commentaires:

Leiloona a dit…

Je l'ai lu l'été dernier, et j'avais été bluffée par la puissance de ce premier roman. Depuis j'attends le prochain ! :)

Lyvie a dit…

je l'ai moi aussi lu l'été dernier et j'ai vraiment beaucoup aimé ce livre foisonnant.

muriel a dit…

Quel belle critique tu fais de ce livre magnifique, et quelle surprise de te retrouver sur ce blog! Au fond je ne devrais pas être étonnée: nous avons beaucoup de goûts en commun! Bon, et là je te recontacterai pour te livrer un autre de mes coups de coeur. Bises.

Sophie a dit…

je suis en pleine lecture et happée par la magie de cette écriture

bene a dit…

un livre magnifique! rien à redire!

Unknown a dit…

Le cœur cousu – Carole Martinez

Le cœur poursuit ses raisons
Evidemment dans une profusion.

Calfeutrées dans une trousse de couture
Œillades d’histoires dans cette famille,
Ut et quelques clés poétiques pour nous
Raconter une saga palpitante, une belle écriture s’invite.

COUSU

Véronique Dubois

Schlabaya a dit…

Bonjour, et merci d'avoir linké mn article, j'en ai fait autant en retour.
Carole Martinez est une conteuse extraordinaire. J'ai eu la chance de l'interviewer et elle a répondu à mes questions avec beaucoup de gentillesse. J'attends avec impatience la sortie de son deuxième roman.

Marie a dit…

Je viens moi aussi de lire ce livre. Un roman énorme, beau à couper le souffle !

Jacques a dit…

Les hispanophones?
Carole Martinez a un nom espagnol mais elle est française et elle écrit en français.
Je l'ai lu et bof ! je n'ai pas adoré.
Je me suis même un peu ennuyé et me suis forcé à le terminer.

Je suis un homme ; ceci explique peut-être cela.

Jacques

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