2.9.10

Mémoires de deux jeunes mariées, d'Honoré de Balzac

Je vous avais promis du Balzac, en voici donc. Celui-là est vraiment un billet en retard, car si je m'en souviens bien, ma lecture (sur un conseil de ma sœur) remonte... aux vacances de l'an dernier . Mais l'ouvrage est assez marquant pour que je sois capable de vous faire mon compte-rendu de mémoire. Trop fort, ce Balzac !

Il s'agit ici d'un roman épistolaire. Deux jeunes femmes, qui se sont connues au couvent, s'écrivent après l'avoir quitté pour rejoindre leurs destins respectifs.
L'une est parisienne, d'une famille assez riche, bien qu'elle-même ait été déshéritée pour assurer la situation financière de son frère aînée, ne devant qu'à l'héritage de sa grand-mère de retrouver sa liberté. L'autre est provençale, et tout à fait désargentée.

Tandis que la première cherchera toute sa vie la passion amoureuse absolue, qu'elle connaîtra d'ailleurs avec des hommes inattendus, la seconde s'attache tout d'abord à assurer son avenir, et à trouver un mari, qu'elle fera de son mieux pour apprendre à aimer.

Les lettres qu'elles s'écrivent racontent ce qu'elles vivent, mais aussi, surtout peut-être, l'idéal qu'elle poursuivent, la manière dont elles envisagent de mener leur vie amoureuse. Comme il est question de mariage, l'aspect social joue bien sûr aussi son rôle, mais il s'agit surtout de la conception qu'elles ont, chacune, de leur rôle de femme, et de celui qu'elles assignent au mari ou à l'amant.

La première ne veut se rendre qu'à l'homme qui lui vouera un amour absolu, qui parfois confine à l'esclavage tant sont rudes les épreuves à franchir pour prouver sa foi et sa noblesse d'âme à la belle jeune femme. Elle deviendra elle-même au fil du temps une esclave de l'amour, dont tous les détails doivent rester parfaits quelles que soient les circonstances. On est notamment frappé des soins qu'elle prend de son apparence, dès le petit matin. Inquiète de voir s'estomper ses atouts de jeune fille alors que les années ont passé, elle se glisse hors du lit avant le réveil de son amant pour faire une toilette complète, afin qu'il la trouve fraîche et coiffée sur l'oreiller lorsqu'il s'éveillera. Une dérive qui semble assez loi des attentes, essentiellement morales, qu'elle assignait à son premier amant.

La seconde a une approche pragmatique. Pour elle, le mariage est d'abord une obligation matérielle et sociale. Elle n'a pas les moyens de subvenir seule à ses besoins, ni de prétendre à un riche parti. Sa famille n'a plus d'argent, elle doit accepter de "se caser", quitte à accepter un homme moins noble dans ses idéaux et ses aspirations. A elle ensuite, si elle le peut, de l'aider à s'amender, se polir, s'élever, et d'étendre ses ambitions, pour qu'à la fin il atteigne un statut acceptable à ses yeux, et qu'elle puisse enfin l'aimer, ou au moins l'estimer. Entre temps, elle en aura deux enfants, qui seront son vrai grand amour.

Balzac révèle dans ce roman une étonnante capacité à endosser la voix féminine, sans la caricaturer. Le point de vue qu'il adopte est bien celui des femmes, dans son aspect le plus intime.
Si certains caractères de la société sont un peu obsolètes - et la morale sous-jacente au final conforme à la place de la femme dans la société d'alors -,  les préoccupations de fond, les rapports de couple et la conception de la relation amoureuse, sont finalement quasiment éternelles. Les femmes d'aujourd'hui trouveront donc matière à rebondir sur les questions qu'elles continuent à se poser. Et les hommes pourront mieux comprendre sans doute les aspirations de leurs compagnes.

Pas de petite vignette de couverture du livre, que j'ai lu sur mon livrel, même si le format pdf offert par ebooks libre et gratuit n'est pas le plus confortable sur ce terminal. En revanche, c'est une reprise de l'édition Furne, agrémentée d'illustrations.

Pour une fois, je trouve une bloggueuse qui a lu ses classiques, et ma foi j'adhère assez au billet de Lilly, qui a aimé aussi. Dans Wikipedia, on trouvera une présentation de l'ouvrage. La question de savoir qui Balzac préfère entre ses deux héroïnes semble tranchée par un propos de l'auteur rapporté par Décitre.

Voilà, il y aura d'autres Balzac dans les jours qui viennent, j'en ai lu trois autres cet été.

Et puis, peut-être pour me motiver à alimenter ce blog plus souvent (en réalité, je lis, mais je n'écris pas mes billets), j'ai (enfin) basculé ce blog sur la dernière version des modèles de Blogger, expérimenté le concepteur de modèle, et installé plein de widgets. Ça vous plaît ?

1 commentaire:

Céline a dit…

J'ai beaucoup aimé ce roman de Balzac ; et comme toi, j'ai été surprise par la manière dont il entre dans l'âme féminine.
J'ai trouvé le personnage de Renée très très très beau...

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