23.1.11

Aziyadé, de Pierre Loti

Depuis que j'ai visité Istanbul, il y a pas mal d'années déjà, et bien que je n'aie visité ni la Corne d'Or, ni le quartier d'Eyüp, je songeais à lire Pierre Loti. C'est une fois de plus grâce à Litterature audio.com et à la voix de René Depasse que j'ai découvert cet auteur, dans ce premier roman inspiré de son séjour à Istanbul et surtout de son amour pour une jeune femme, Aziyadé, appartenant au harem d'un vieux Turc.

On a un peu de mal à démêler ce qui est autobiographique et ce qui est romancé dans ce roman étrange composé de lettres envoyées ou reçues par le Lieutenant de marine Loti, et d'une sorte de journal intime où il raconte sa rencontre improbable avec la belle jeune femme, puis la passion qui va s'installer entre eux, à la vie à la mort. Au passage, il nous décrit la ville d'Istanbul et le changement du paysage avec les saisons, les heures du jour, le soleil ou l'orage, la vie orientale telle que peut la percevoir un européen - même si lui était visiblement allé assez loin dans l'immersion. Étrangement, à un peu plus d'un siècle de distance, il décrit des sensations que j'ai aussi ressenties en découvrant la Turquie, qui m'a laissée bien nostalgique à la fin de trois semaines de visite...

On est étonné qu'un militaire d'à peine trente ans soit aussi sensible et sensitif, aussi sentimental et romantique, aussi nonchalant et empli de doutes métaphysiques, d'autant qu'il est par ailleurs tel qu'on peut imaginer un marin, c'est à dire une femme, voire plusieurs, dans chaque port et qu'il ne le nie pas. Mais il se laisse captiver par Aziyadé, si naïve et différente de lui pourtant, ou sans doute à cause de cela : elle représente assurément un idéal de femme enfant, de femme amoureuse et dévouée à son amant, jusqu'à en mourir de désespoir alors qu'un an plus tard, il doit repartir vers sa patrie européenne...

Le roman touche le lecteur contemporain par la sincérité des sentiments, la simplicité du récit, parfois prosaïque, et souvent flou. Par exemple, il ne m'a en rien permis de comprendre le contexte politique de l'époque, et la guerre qui se jouait, d'une façon si étrange que pendant près d'un an, Loti reste stationné à Istanbul, dont son navire ne bouge pas, et où il loue une "case" qu'il aménage et dans laquelle il vit, entouré de quelques amis qu'il s'est faits sur place, et surtout où sa belle le rejoint chaque soir. Mais l'histoire d'amour est très belle, et relatée de manière très sensible, sensitive et sentie.

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