23.4.14

L'amour peut-il être plus sublime que dans Balzac ?

Dans les romans de Balzac, je suis souvent frappée à la fois par la subtilité des sentiments et des codes qui en régissent l'expression, et par l'engagement total de certains personnages dans la passion amoureuse.
Deux ouvrages récemment écoutés via Littérature audio mettent en scène ces amoureux sublimes, capables de sacrifier littéralement leur vie pour l'être aimé, sans rien réclamer en échange, l'honneur ou les circonstances pouvant d'ailleurs les empêcher de dévoiler leurs sentiments.

Dans Béatrix, lu par Pauline Pucciano, c'est Mademoiselle des Touches, que tout Guérande prend pour une femme légère, qui s'éprend de Calyste du Guénic, et qui l'aimera à la fois plus follement et bien plus noblement que toutes les autres femmes du roman, n'hésitant pas à se sacrifier pour lui. Pendant ce temps, le jeune homme se laisse ensorceler par Béatrix de Rochegude, perfide séductrice qui n'aime qu'elle-même. Perdu par les femmes, il sera aussi sauvé par elles, via une machination rocambolesque où s'associeront pour l'occasion le grand monde et le "demi-monde". Si ce sont les personnages du second camp qui mettront le complot en oeuvre, l'un et l'autre se montrent aussi peu regardants sur la morale et le "comme il faut" lorsqu'il s'agit de défendre leurs intérêts. Après nous avoir fait battre le coeur à l'unisson de ses personnages, Balzac nous fait sourire ironiquement en nous dévoilant les moyens mis en oeuvre pour ramener Calyste à son épouse.

Dans La Fausse maîtresse, lu par René Depasse, c'est le comte Thaddée Paz qui tombe éperdument amoureux de la femme de son meilleur ami. Il l'aime assez pour vouloir se dévouer totalement à son bonheur et à son bien-être matériel : c'est lui qui s'occupe des affaires de son ami, comme s'il était son régisseur. Conserver cette position lui interdit donc absolument de dévoiler ses sentiments comme de séduire la belle. Une torture quasi masochiste qui semble pourtant lui procurer quelques joies. Pour mieux se déguiser, il ira jusqu'à s'inventer une liaison avec une acrobate de cirque. Jusqu'à ce que...

Deux romans qui laissent rêveur et interrogatif : est-on encore capable d'autant d'amour et de dévouement ? D'ailleurs, l'a-t-on jamais été, hors sous la plume des faiseurs de romans ?

3 commentaires:

Guillaume L a dit…

Bonjour,

Je viens de découvrir votre blog et j'ai parcouru plusieurs posts, c'est super, continuez, je vous suis en Feed RSS.

J'ai 30 ans et me suis passionné pour la littérature petit à petit.

Cette année j'ai lu Madame Bovary que j'ai adoré, quel style.
Je viens de finir plus péniblement Du coté de chez Swann. Le style est encore plus sophistiqué mais les phrases longues ne sont pas trop à mon goût.

Je lis actuellement Le grand Meaulnes, c'est super.
Puis je lirai du Balzac pour découvrir cet auteur. Votre post a fini de me convaincre.

J'ai à ce propos deux questions.

Lorsque je veux découvrir un auteur je fais des recherches et je veux commencer soit par le premier roman soit par le chef d'oeuvre. Parfois ce sont les mêmes titres, souvent je dois faire un choix. Avez vous des commentaires à ce sujet ?

Par exemple j'ai appris que les oeuvres de Balzac s'articulent autour de la Comédie humaine. Le Père Goriot me semble un bon début, voire le premier titre de la série (?). Dois je commencer par ce roman pour découvrir Balzac ?

Merci,

GL

Hélène a dit…

Bonjour Guillaume,
Ravie si mon blog vous donne envie de plonger dans la littérature. Balzac est l'un de mes auteurs favoris, mais je suis loin d'avoir tout lu de lui (tant mieux, il me reste bien des choses à découvrir)... et notamment je n'ai pas lu le Père Goriot. On n'est pas du tout obligé de lire la Comédie Humaine dans l'ordre : piochez au hasard, selon le titre qui vous tente, une critique que vous avez lue et qui vous a donné envie, un résumé qui vous accroche....
Donc pourquoi pas le Père Goriot comme entrée en matière ? Bonne lecture !

Guillaume L a dit…

Merci

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