Mais revenons au livre : il recense les légendes, mythes, contes populaires, et faits historiques qui ont pu les fonder, que l'auteur a pu retrouver dans d'autres ouvrages, ou dans ses échanges avec des habitants du coin, châtelains de Trécesson ou paysannes âgées des environs, et remet à leurs places quelques visions par trop poétiques ou fantaisistes selon l'auteur.
Intéressant quand il donne une vue d'ensemble des légendes arthuriennes, et nous renvoie à ses meilleurs auteurs, Chrestien de Troyes le champenois pour les textes d'origine, et Jacques Boulenger pour la transcription moderne. Parfait, ils sont dans ma bibliothèque, et je pourrai les relire avec profit : quand je m'en délectais à l'adolescence, je n'avais pas totalement réalisé que la scène en était sur la terre de mes ancêtres. Ma grand-mère est originaire de Saint-Méen (prononcer Saint-Main), siège d'une abbaye dont nous parlent Le Goffic et Dupouy. Je ne sais pas si c'est la raison pour laquelle je fus si passionnée de cette littérature dans mes jeunes années. Comme j'ai un peu oublié les détails, je vais relire...
Incitatif à la balade lorsqu'il évoque ses propres visites à la forêt de Brocéliande, qu'il décrit ma foi plutôt bien, tant d'un point de vue topographique que d'un point de vue poétique.
Instructif lorsqu'il relate certaines légendes et croyances populaires, ou la vie des saints locaux.
Plus fouillis (mais c'est peut-être mon manque de connaissances historiques) lorsqu'il se pique de retracer les grandes heures de l'histoire locale. J'avoue que je me perds dans ces histoires de chouannerie, de libéraux et de royaux, de privilèges abolis puis reconquis en catimini...
Incomplet forcément quant aux légendes récentes que l'on entend raconter par les guides qui mènent des troupes d'enfants ou des touristes étrangers à travers la forêt : Le Goffic a écrit son livre en 1931. Mais comme l'auteur le dit lui-même, le propre des légendes, c'est de se renouveler en permanence, bâties sur le souvenir de faits plus ou moins merveilleux, et en fonction des croyances du temps... Et si le nôtre se veut rationnel, il porte aussi une aspiration collective au retour vers la nature, même si on l'idéalise parfois. Fontaines magiques, étangs-miroirs aux fées, arbres d'or et sortilèges portés par le vent ont donc encore de beaux jours devant eux, et c'est tant mieux !
Bon, a priori, peu de lecteurs de Charles Le Goffic, pourtant académicien, ce qui n'empêche pas d'être critiqué, et peut-être critiquable : je ne suis pas assez spécilialiste pour juger ! Il est parfois difficile de se faire une idée juste de ce qui relève du "marketing touristique" ou du vrai travail de mise en valeur d'un patrimoine culturel local... Aussi je vous laisserai juge de la qualité et de l'intérêt du Guide de Brocéliande, et du Centre de l'imaginaire arthurien, que je n'ai pas visité. La rubrique "Librairie" du site web comporte cependant d'intéressantes références bibliographiques pour qui souhaite approfondir le sujet.
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