8.9.18

Le Siècle, de Ken Follett


En nous racontant l’histoire de plusieurs familles, russes, allemandes, anglaises et américaines, dont les destins s’entremêlent, Ken Follett nous fait traverser le vingtième siècle, des prémices de la guerre de 1914 à la chute du mur de Berlin.

On y voit donc s’enchaîner les grands événements historiques « comme si on y était », avec leur incidence sur la vie des personnages, dont certains, étroitement mêlés à la vie politique de leur époque, nous font pénétrer dans les coulisses du pouvoir… ou de la résistance aux abus du pouvoir.

Même si Follett sélectionne forcément ce qu’il met sous le feu des projecteurs, y compris les idées et les engagements de ses personnages, la mise en perspective est assez saisissante, et donne à réfléchir. On ressort de cette lecture avec une vision distancée des utopies et des spéculations qui débouchent la plupart du temps sur un réel très différent de ce qui était prévu, voulu ou annoncé par ceux qui pensaient tirer les ficelles de l’histoire, souhaitaient simplement contribuer à la marche vers une société plus proche de leurs idéaux… ou plus prosaïquement se faire une vie meilleure, parfois dans un cynisme assumé. Et on s’étonne que l’histoire ne serve pas davantage de leçon, aux hommes politiques comme aux citoyens : cultiver des clivages outranciers, abuser du pouvoir ou s’aveugler sur celui dont on dispose vraiment, tout comme laisser se développer l’iniquité entre les différentes classes de la société ou étouffer la liberté citoyenne, autant d’erreurs qui peuvent encore ouvrir des gouffres sous nos pieds. En cette période où le monde est de nouveau particulièrement instable, cette remise en perspective résonne parfois comme un avertissement, qu’on peut souhaiter salutaire.

L’un des mérites du livre, c’est de nous projeter dans le quotidien des personnages, de rendre sensibles les conséquences concrètes de certaines ruptures politiques. J’ai été particulièrement glacée par le sort des Allemands de l’Est, passés sans transition du joug nazi sous celui de la Stasi. La chute du mur de Berlin, à la fin de la trilogie, n’en est que plus émouvante.

Follet est un excellent narrateur, et on ne s’ennuie pas une minute au fil des pages. Il mêle habilement la vérité historique, fragments de vrais discours compris, à la vie de ses personnages. Et on a beau savoir « comment ça va finir », on n’en est pas moins « cueillis » par certains événements, par la manière dont ils surgissent dans le quotidien des personnages, comme l’histoire surgit parfois dans notre propre cuisine, quand on écoute les infos en préparant le dîner, sans toujours réaliser instantanément le poids réel de l’événement.

Je me suis régulièrement interrompue dans ma lecture, je devrais dire mon écoute puisque j’ai choisi la version audio (saluons au passage la véritable performance de l’acteur, à la fois en raison de la taille de l’ouvrage et pour sa qualité d’interprétation), pour aller regarder des cartes, des photos, et des articles de Wikipédia, afin de compléter mes connaissances et d’approfondir ma compréhension. Cela m’a amusée d’identifier au passage certaines « ficelles » de l’auteur, qui évoque certains lieux avec des noms fictifs (en lien cependant avec les noms réels), ou dont certains personnages sont en quelque sorte les avatars de personnalités réelles, notamment du monde des arts ou des médias, qui prennent de plus en plus de poids dans cette période d’avènement de la « modernité ».

J’ai globalement beaucoup aimé cette lecture, qui m’a littéralement embarquée, absorbant quasiment tout mon temps libre ces trois dernières semaines.

Je ne ferai qu’un seul reproche à l’auteur : il abuse des scènes sexuelles, traitées de manière assez crue. C’est parfois utile pour s’immerger dans la réalité des mœurs, évidemment influencées par le contexte. Mais le fil de l’histoire est suffisamment haletant par lui-même, et point n’était besoin de cet artifice pour entretenir l’intérêt du lecteur, et c’est lui faire insulte que d’en user si souvent.

1 commentaire:

Chat Pitre a dit…

Bonjour, « Les 7 vies de Surcouf » (Christine LACROIX), mon 4ème roman sur les chats, est sorti chez City éditions. C’est la suite « Des fantastiques aventures de Surcouf ». Un deuxième volume avec plein de nouvelles anecdotes véridiques. https://www.amazon.fr/sept-vies-Surcouf-Christine-Lacroix/dp/2824619252 Surcouf est un matou espiègle, fanfaron et un peu turbulent avide de liberté jusqu'au bout des moustaches. Dans ce deuxième volet, il raconte ses aventures dans le vaste monde et sa cohabitation avec les « deux pattes », comme il appelle affectueusement les humains et qui ne comprennent rien aux choses importantes. Sa vie est une épopée permanente. Notamment le jardin qui est une jungle pleine de promesses, mais aussi de dangers lors des rencontres avec les autres chats ou, pire, avec les chiens, ses ennemis jurés ! Et en véritable explorateur, il ne rate jamais une occasion de faire des bêtises... Heureusement, Surcouf a (au moins !) sept vies, car il est prêt à tout risquer pour vivre pleinement. Au fil de ses péripéties, ce petit chat de gouttière pas comme les autres nous livre les clés d’une sagesse toute féline, la sagesse d'une vie riche de saveurs, d'aventures et d'insouciance. Et mieux encore : il nous livre les clés d'une certaine idée du bonheur. Avec ce récit qui séduira tous les amoureux de félins, Surcouf révèle aux humains pourquoi une vie sans chat est une existence sans saveur. Des extraits de mes 4 romans félins sont à lire sur mon blog http://chat-pitre.over-blog.com (colonne de droite dans "MES ECRITS") Bonne lecture et portez-vous bien. CHRISTINE LACROIX

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