Marin, Loti sait évidemment nous parler de la mer, qu'il connaît bien. Il en fait ici un personnage à part entière, dont il décrit les beautés et les fureurs. Il nous plonge dans la vie de ces pêcheurs qui, à la fin du 19ème siècle, partaient chaque année pour six mois pêcher la morue au large de l'Islande, mais aussi des femmes qui restaient à terre pour les attendre. L'hiver, pourtant souvent morose en Bretagne, devenait pour elles la belle saison, la saison des amours retrouvées : les marins étaient rentrés, et elles pouvaient souffler. Mais tous les étés étaient gâchés par leur absence et l'inquiétude sourde qu'elles tentaient de faire taire, tenaillées par une impatience grandissante aux premiers jours de l'automne, qui allaient ramener les bateaux, du moins l'espéraient-elles, car cette mer d'Islande était cruelle et en engloutissait plus d'un... Cette inversion des saisons montre combien l'homme est à la fois dépendant de la nature qui le nourrit - mais peut aussi le tuer, et de ses affections pour les siens. Sans elle, il n'est rien, sans eux, la vie ne vaut plus d'être vécue.
Loti, comme dans ses autres romans, montre une grande sensibilité pour faire vivre les états d'âme et les pensées secrètes de ses personnages. L'histoire d'amour entre Gaud, jeune fille riche qui revient au pays de Paimpol avec son père veuf, et Yann, grand pêcheur taciturne et têtu comme un breton, sert de fil conducteur sublime à cette peinture de la vie des marins bretons.
La très belle lecture de Victoria (pour Litterature audio.com) est accompagnée d'illustrations sonores qui donnent tout son relief au récit. A écouter absolument, et sans lire trop de choses avant sur le roman, pour en conserver toute la saveur.
Et si vous avez envie de savoir à quoi ressemblaient Paimpol et les costumes des Paimpolaises à cette époque, allez donc jeter un œil sur cette collection de cartes postales anciennes.
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