4.1.11

Le Speronare, d'Alexandre Dumas

Alexandre Dumas s'est beaucoup intéressé à l'Italie : il a vécu un an à Florence, en exil semble-t-il, et a consacré trois ouvrage à sa visite du Sud de l'Italie, de Naples à la Sicile.

Le Speronare raconte son voyage en Sicile. Le speronare est un type de bateau, tel celui que Dumas a loué avec son équipage pour entreprendre sa visite par la voie maritime, accompagné de son ami Jadin, qui dessine pendant qu'il raconte (je ne sais pas s'il existe des éditions de l'ouvrage qui restituent les croquis de son ami, ce serait intéressant...).

Le récit ne décrit pas seulement son voyage, ce qu'il voit, les gens qu'is rencontre, les péripéties de la route, qu'elle soit maritime ou terrestre. On imagine que le tourisme était encore une aventure au 19ème siècle, et Dumas nous le confirme. Il apparaît d'ailleurs assez téméraire, escaladant l'Etna dans des conditions qui semblent aujourd'hui incroyables, ou encore traversant l'intérieur des terres sur des routes contrôlées par des bandits siciliens - et d'ailleurs, les deux compagnons de voyage sont armés. Mais il raconte aussi les histoires que lui content ses cicerones, et un peu de l'histoire de l'Italie et de la Sicile, tout particulièrement comment les Siciliens parvinrent à se débarrasser de la tyrannie d'un souverain français, Charles d'Anjou, frère de Saint-Louis.

Comme toujours, Dumas sait maintenir l'intérêt du lecteur, mêlant sans ordre apparent histoires d'amour romanesques, anecdotes qui font frissonner, et pages épiques de l'histoire, dont il recueille les éléments auprès de quelques érudits qu'il va spécialement rencontrer en cours de route... ou dans les bibliothèques locales.

Il n'y a donc pas qu'à l'histoire de France que Dumas "a fait de beaux enfants", et c'est tout à fait intéressant de le lire pour prendre quelques points de repères dans l'histoire de l'Italie, assurément plus complexe que l'histoire de France. Ayant visité moi même la Sicile il y a quelques années, dont je garde un très beau souvenir, j'ai trouvé amusant et intéressant de comparer ses descriptions des sites antiques avec les miennes et les photos que j'avais faites : peu de changements notoires on s'en doute, à l'exception peut-être de quelques fouilles plus récentes que son passage, car il ne parle pas de certaines ruines alors qu'il est passé à portée de leur vue. Je suis toujours émue de repasser dans les traces de ceux qui nous ont précédés, qu'ils soient humbles et anonymes, ou plus illustres comme Dumas. Dans un monde qui bouge si vite, une certaine forme de permanence rassure sans doute, et les émerveillements devant un beau paysage ou une architecture éternelle sont de toutes les époques.

J'ai découvert cette œuvre copieuse (près de 20 heures de lecture) par la voix d'Horacio, toujours sur Litterature audio.com. Je pense que je vais enchainer avec Le Corricolo, où Dumas raconte sa visite de Naples. Comme, paradoxalement - mon compagnon étant napolitain - je ne connais pas très bien Naples, je vais sans doute découvrir des choses que j'aurai envie de visiter lors de mon prochain passage dans cette ville, à la fois belle, dangereuse... et comme nous le rappelle trop souvent l'actualité, régulièrement envahie par les ordures dont aucun gouvernement ne parvient à régler le problème durablement, notamment en raison de l'implication de la mafia dans d'odieux trafics en la matière...

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