9.9.10

La Muse du département, d'Honoré de Balzac

Ce sera le dernier Balzac pour le moment : après cette orgie balazacienne, j'ai lu d'autres choses, que je n'ai pas encore finies d'ailleurs...

Le titre du roman m'intriguait, et le commentaire de présentation d'ebooks libres et gratuits m'a séduite : c'est comme ça que celui-ci s'est retrouvé sur mon livrel.

La Muse, c'est Dinah Piédefer, une jolie jeune femme à la fortune modeste, mais à la belle ambition, qui épouse un petit noble de Sancerre, La Baudraye, qui tente de refaire la fortune que son père a prêtée aux nobles en exil, notamment grâce au vignoble local. Un petit homme chétif dont on pense qu'il fera rapidement de Dinah une veuve, mais qui survivra vaillamment on le verra.

Munie d'un nom, d'un peu plus de fortune, de son frais minois et de pas mal d'esprit, Dinah de La Baudraye tentera d'animer sa province, d'abord en faisant salon, en écrivant des vers et de la prose, puis en imaginant de faire revenir au pays deux natifs qui ont depuis fait leur place à Paris, pour qu'ils viennent se présenter aux élections, et redonnent un peu de lustre à la vie locale.

D'abord vertueuse, elle finit par s'engager dans une liaison avec Etienne Lousteau, journaliste, vaguement écrivain, et par le suivre à Paris. Une fois passés les premiers temps de la passion, la vie du couple devient difficile. On pourrait penser que tout va très mal finir pour la pauvre Muse, mais contre toute attente, elle  retombe sur ses pieds, au moins en apparence : Balzac n'est pas Zola, et la noblesse, fut-elle petite et provinciale, dispose d'assez d'appuis et d'entregent pour effacer les petites misères de la réputation. Et La Baudraye sera finalement ravi de récupérer deux enfants qu'il aurait été bien incapable de donner à sa femme...

Une intrigue à rebondissements donc, et un personnage de femme intéressant, dont certes Balzac moque quelques travers de "Précieuse ridicule", mais dont l'ambition, qu'elle sait servir d'un remarquable sang-froid, même lorsque c'est sentimentalement difficile, suscite une certaine admiration de l'auteur, et partant du lecteur. La vision du couple, légitime ou pas, est néanmoins quelque peu déprimante. A moins qu'on y trouve matière à considérer que, finalement, on n'a pas si mal réussi soi-même, dans un contexte sociétal certes tout à fait différent, et qui, sans doute, et comme après 68 on a aimé à le penser, est plus propice.

On trouvera une intéressante notice dans l'édition critique de la Comédie Humaine en ligne, qui permet notamment de savoir dans quels autres romans on peut retrouver les principaux personnages de La Muse.
Le blog de Mediene parle des sources du roman, et de son accueil à l'époque de sa sortie. Étonnant, celui de l'ange aveugle se donne pour mission de montrer ce qu'il reste (ou plutôt d'ailleurs ce qui a disparu) du Paris de Balzac, et fait des liens étranges entre La Comédie Humaine et l'actualité.

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