17.8.08

Le Joyau de Sicile, de Barry Unsworth

Le Joyau de Sicile est présenté par son éditeur sous l'accroche "complots et trahisons dans la Sicile médiévale", et décrit comme "aussi puissant que Le Nom de la Rose" par un journaliste du Times...

Certes, nous sommes bien à Palerme au XIIème siècle, pendant la réalisation des splendides mosaïques de la Chapelle Palatine, sous la domination normande. Et Turstin Beaumont, le narrateur, se trouve bien au centre de plusieurs complots subtilement imbriqués les uns dans les autres, simultanément victime et auteur de trahisons.
Par sa naissance, il aurait du devenir chevalier, mais le cours de sa destinée sera plusieurs fois changé. Au moment où il nous parle, il est "pourvoyeur des plaisirs" du roi Roger. Un titre un peu farfelu qui laisse entrevoir un univers de frivolités ininterrompues, assez loin toutefois de la réalité : le diwan des contrôles auquel appartient notre jeune homme est en charge de gérer le renouvellement des concessions royales et des privilèges, mais surtout de gérer toutes les transactions effectuées sous le manteau, et donc à l'occasion de servir de service des renseignements. Notre jeune héros se retrouve plusieurs fois émissaire secret, chargé de remettre en toute discrétion de coquettes sommes d'argent à des comploteurs de haut vol, sous couvert de ramener des aigrettes pour la fauconnerie du roi, ou d'identifier de belles danseuses anatoliennes susceptibles de faire sensation à la cour.

Sa frustration de n'être pas chevalier, parce que son père a renoncé à ses titres pour entrer dans les ordres avant l'adoubement du jeune homme, son ambition de recouvrer puissance et munificence en devenant peut-être un jour maître du diwan des contrôles grâce à la protection de Yousouf Ibn Mansur, le seigneur musulman qui dirige cette étonnante officine pendant la période du récit, et sa candeur dans les choses de l'amour, courtois ou pas, font de lui une cible idéale de toutes les manipulations.

Mais au-delà des intrigues politiques et religieuses - quasiment la même chose à l'époque - qui évidemment fournissent une belle toile de fonds aux pérégrinations du jeune homme, le plus intéressant est sans aucun doute son parcours personnel, la manière dont ses yeux vont se déciller, et comment in fine il trouvera sa voie, très loin de celle qu'il imaginait au départ... Le Joyau de Sicile est donc pour moi plutôt un roman d'initiation, qui nous fait agréablement voyager dans le temps et dans le Sud de l'Italie, même si quelques anachronismes de vocabulaire (mais est-ce dans l'écriture de l'auteur ou une maladresse de traduction ?) ternissent par instant l'impression de véracité historique. Un parcours qui m'apparaît au final plus touchant que simplement captivant, et certainement moins haletant que Le Nom de la Rose, qui reste en la matière inégalé, même si on lui compare régulièrement de nombreux autres romans. En revanche, la réflexion sur ce qu'est la loyauté, et comment "réussir sa vie" m'apparaît largement aussi intéressante. Au final, une lecture estivale un peu mois frivole qu'il n'y paraît au premier abord, mais garantie "sans prise de tête".

De manière étonnante, je ne trouve aucun commentaire de lecteur sur ce livre. Et je ne me souviens plus comment moi même j'en avais entendu parler... Mais pour vous faire une première idée avant de plonger, vous pouvez écouter la chronique de France Info avec une interview de l'éditeur, ou aller sur le site des éditions l'Archipel pour lire la présentation de l'ouvrage et de l'auteur, et télécharger le premier chapitre du livre.

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