Ce court texte d'Aragon est le second cadeau de Versac, pas moins intéressant que le premier...
On est ici dans une veine proche de celle de Bataille, où l'érotisme est sublime, à la fois morbide et plein de vie pourtant, sordide et somptueux. Comme une blessure nécessaire, dont on voudrait se défaire mais qu'on appelle de ses voeux, il fascine... Je reste toujours un peu interdite devant cette manière d'aborder la question, comme à la lisière d'un monde qui ne serait pas le mien, et dont je ne verrais qu'un seul pan. Certes, il m'est arrivé de me sentir blessée, misérable, trop affamée pour être honnête, pas forcément très propre sur moi ni dans mes pensées intimes... mais Aragon va jusqu'à la boue, au mépris, à l'agonie, ou parfois au rire bouffon et sardonique. Et c'est plutôt un texte métaphysique que réellement érotique : finalement, le tout est de savoir ce qu'on met sous ce mot...
Le suis restée bouche bée cependant, envieuse d'un talent que je n'aurai jamais, et toute frémissante au fond de mon fauteuil, dans les quelques pages où Aragon décrit précisément "Le con d'Irène". L'allégorie est presque mystique... et je me demande jusqu'à quel point les femmes ont fasciné l'auteur, jusqu'à lui faire peur sans doute, mais ce serait trop facile... Question d'époque peut-être, où il n'était pas question par la parole de briser le malaise, d'expurger les peurs, et d'alléger un peu cette ambiance alourdie de parfums trop capiteux...
Allons maintenant voir sur la toile ce qu'en disent les autres... Comme souvent, je partage assez l'avis de CritiquesLibres, qui est quasiment le seul site d'ailleurs à proposer une critique isolée de l'ouvrage. Angelo Rinaldi en parle, et plutôt bien, dans l'Express Livres à l'occasion d'une édition en Pléiade des œuvres d'Aragon. Overdream.com lui se contente de reproduire... le fameux petit chapitre dont je parlais plus haut.
1 commentaire:
Vous me donnez envie de découvrir ce livre... Merci!
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