9.11.04

The dying animal, de Philip Roth

Je n'avais jamais rien lu de Philip Roth, et tant qu'à faire, j'ai commencé par le dernier, et en anglais. Les critiques sont assez sévères. La plupart, influencés sans doute par l'image qu'ils ont de Roth qui traîne une réputation sulfureuse, y voient essentiellement une histoire de sexe (de plus), et la dernière lutte d'un homme vieillissant avec les affres du désir, de la jalousie, et la peur de la mort... donc en quelque sorte un sujet "bateau".

Certes, au début du livre, je me suis dit : "Quel muffle! Et si cette jeune Consuela (une de ses étudiantes de 24 ans lorsqu'il en a 62) le plante comme il le craint et l'anticipe, ce sera bien fait pour lui !". Elle le plante en effet. Et il en est malade. A en raconter n'importe quoi sur la libération sexuelle des années 60 et son fils qui n'a rien compris à rien. A se branler tout seul devant son piano (restons dans l'ambiance et le langage très cru de l'auteur). Je n'ai éprouvé aucune compassion - fidèle à mon premier ressenti, et peu d'intérêt sur les banalités qu'il débite à propos de la révolution sexuelle - en ça je rejoins la plupart des critiques.

Là où tout change, c'est à la fin du livre. Quand Consuela revient vers lui, malade d'un cancer du sein qui causera l'amputation totale de la magnifique poitrine qui fascinait David Kepesh. Là, je trouve la réflexion intéressante sur la perception du temps, du passé, de l'amour, modifiées par l'approche de la mort. Tout à coup, les deux personnages deviennent proches... même si c'est peut-être pour de mauvaises raisons. Je ne sais pas trancher en effet entre la sincère compassion de l'homme vieillissant pour la jeune femme malade, et l'éventuel sentiment de revanche de l'abandonné sur celle qui l'a hanté, et qui contre toute attente risque de disparaître avant lui... Mais il est là, il veut être là, le dernier à être là, pour la tenir dans ses bras, confesser ses peines et ses regrets, consoler ses terreurs. Et tout d'un coup je l'ai trouvé beaucoup plus respectable.

Quand au style, j'ai évidemment un peu plus de mal à en juger en anglais. Mais dans l'ensemble, ça m'a paru assez puissant, parce que c'est direct, que l'auteur ne mâche pas ses mots, et j'aime assez cette manière d'interpeller le lecteur.

D'autres critiques ? Voici la présentation de l'éditeur et les critiques des lecteurs sur Amazon, la critique mordante de L'Express Livres, la critique "désolée d'être sévère" d'Evène, les critiques plus favorables de Critiques Libres (j'aime bien ce site).

1 commentaire:

dasola a dit…

Je l'ai lu en français et j'ai aimé, c'est court, dense, poignant et magnifique. Je ne ressens pas la misogynie que l'on attribue à P. Roth. He vous conseille Pastorale Américaine et J'ai épousé un communiste.

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