Le roman a fait un tabac (10 prix littéraires, 700 000 ex), maintenant il fait un film (dont je n'ai vu que les affiches, mais Audrey Tautou est inratable), il fallait bien que je finisse par le lire, un peu par hasard, ou plutôt par marketing : il était (forcément) en tête de gondole à la Fnac, et j'en avais (forcément) entendu dire du bien...
A la première lecture, Foenkinos, c'est Gavalda au masculin : des rencontres improbables qui débouchent sur des histoires d'amour pleine de poésie du quotidien, après des péripéties parfois un peu loufoques. Histoire d'en ajouter une louche côté loufoquerie, Foenkinos ponctue son roman de petits intermèdes informatifs, genre recette de cuisine, ou scores des clubs de ligue 1 de football le soir de l'événement qu'il raconte. C'est parfois totalement sans intérêt, mais ça fait parfois sourire, et semble ancrer la fiction dans une réalité plus concrète, plus réelle, comme si l'auteur voulait nous dire que oui, ce que je raconte, c'est la vraie vie de tous les jours, celle qui pourrait être la vôtre si vous preniez seulement la peine de la regarder du bon côté, d'ouvrir un peu votre esprit, de voir la magie simple des choses.
La lecture est plaisante et rafraîchissante, et je peux comprendre que cela plaise pour se distraire de l'actualité plombée que nous servent chaque jour les médias... quand ce n'est pas la chronique de votre vraie vie qui ressemble de plus en plus à un cauchemar, que vos collègues se suicident en série, que vous soyez dans la prochaine "charrette" de licenciements, ou que votre conjoint vous annonce son intention de demander le divorce. Dans l'univers de Foenkinos, l'improbable décès du conjoint avec lequel Nathalie s'entendait de manière tout aussi improbable sera finalement surmonté... avec le plus improbable des hommes. Et le roman se dénoue sur une partie de cache-cache dans le jardin de sa grand-mère...
Si je n'ai rien contre l'idée de "réenchanter le quotidien", selon une expression qui a fait florès, et même si l'écriture est plaisante, fluide, cinématographique, j'avoue néanmoins rester un peu sur ma faim en refermant ce type de roman... Que reste-t-il pour nourrir la réflexion après une telle lecture, sinon quelques idées certes plaisantes, mais qui frisent le lieu commun et que j'ai déjà pu explorer par moi-même ? La psychologie des personnages reste somme toute assez survolée, et la philosophie superficielle.
Il est vrai qu'avec la cure de romans du 19ème que je continue de m'administrer grâce aux livres audio, il est assez difficile de rivaliser : Balzac, Zola, Dostoïevski ou Sand explorent l'âme humaine, la société de leur temps et les questions existentielles (même si le mot n'existait pas encore) avec une acuité que je peine à retrouver dans la littérature contemporaine. Est-ce parce que la littérature ne donne à voir qu'une partie de l'époque, et que j'ai trop étudié celle dans laquelle je vis pour en apprendre quelque chose dans la littérature d'aujourd'hui, alors que lire sur les siècles passés m'apprend des tas de choses que j'en ignorais ? Plus sûrement, il est vrai que je lis les plus grands auteurs du 19ème, ceux qui ont résisté à l'épreuve du temps, alors que pour ceux d'aujourd'hui, je pioche un peu au petit bonheur la chance... Je me demande tout de même s'il est possible de dépasser en qualité ce qui a été fait à cette époque en matière de romans. J'y trouve en tous cas à la fois du dépaysement, les prémices du monde contemporain, et une universalité dans les questions que soulèvent les héros de ces romans et ce qu'ils vivent, que je parviens rarement à retrouver dans les romans actuels...
Forcément, vu son succès, La délicatesse est encensée par de nombreux blogueurs. Les lecteurs de Babelio le notent 3,71/5. J'aime bien la note critique d'ivanne, qui reflète finalement assez bien mon impression. Mais Les livres de George est encore plus critique que moi... et Le monde selon..., rédigé par un garçon, pense que le livre va régaler les filles (!!). Chez les critiques professionnels, du moins ceux que j'ai survolés, ça plaît aussi.
Mettons que je suis particulièrement difficile, ou bonnet de nuit, ce qui est après tout parfaitement possible ;-)
6 commentaires:
Je l'ai lu en novembre (en un jour), mais je n'ai pas encore écrit de note à son sujet. Mon avis rejoint le tien, il me semble.
En gros, l'histoire sympa (ça ne mange pas de pain), l'écriture est agréable, ça se lit relativement vite. Mais au final, baaah il reste pas grand chose.
Ca se laisse lire, maintenant, ce n'est pas vraiment ma tasse de thé.
Je préfère aussi me plonger dans un bon vieux classique ;-)
Mon avis rejoint aussi assez le tien. Un récit frais et distrayant, mais qui reste de surface, assez anecdotique, inconsistant et inconséquent. Sympathique mais vite, très vite oublié !
je suis effectivement très critique au sujet de ce roman qui, comme vous le dites me paraît trop superficiel et peu novateur, des personnages qui n'ont pas su m'intéresser, et au final l'impression de n'en avoir rien gardé !
Merci pour le lien ;)
Même ressenti pour moi..; Les souvenirs est largement meilleur!!! On en garde des petits bouts, un joli souvenir... mais la délicatesse, pas grand chose...
En passant sur ton blog de tricot, je lis avec beaucoup de plaisir que tu écoutes "ça ne peut pas faire de mal" sur France Inter, une de mes émissions préférées lorsque je suis disponible (trop rarement) ce qui m'amène ici même, avec un encore plus grand plaisir ! Je partage sans retenue ni ambiguïté ton point de vue sur "la délicatesse", sans pour autant manquer de respect au jeune homme enthousiaste qui a écrit ce roman et dont j'ai suivi il y a peu (j'ai toujours quelques rames de retard sur la "tendance")avec intérêt une interview de promotion du-dit roman... Bonnets de nuit ou lectrices exigeantes, je crois que nous le sommes toi et moi, ce qui nous fait un autre point commun, et j'en souris d'aise !
Et allez, ce blog s'en va derechef dans mes favoris, à consulter sans la moindre retenue, quel bonheur !
Merci ma chère, je sens que je vais me régaler, bises et à bientôt...
Grateful for sharing thhis
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