Assia Djebar a été élue à l'Académie Française en juin de cette année, première personnalité du monde maghrébin à y faire son entrée. Ecrivain et cinéaste, mais également bardée de diplômes et de prix littéraires, elle est actuellement enseignante aux Etats-Unis, après avoir été notamment journaliste. Assia Djebar est une érudite dont le coeur n'a pas cessé d'entendre pour autant.
Femmes d'Alger dans leur appartement nous livre, en quelques nouvelles, des fragments de voix de ces femmes cloîtrées, séquestrées, que leur courage et leur engagement lors de la guerre d'Algérie n'a pas totalement libérées. Il reste toujours des traces d'un si long enfermement... Les mots parfois sont douloureux. La pensée tourne et retourne, lancinante, obsessionnelle. Les blessures sont encores à vif. Les leurs, ou celles de leurs mères et grand-mères, tant il est vrai qu'on hérite de ce qui n'a pu être guéri, de ce qui n'a pas été dit, surtout peut-être entre mères et filles.
Le titre du livre et sa post-face se réfèrent directement au tableau éponyme de Delacroix, qui avait eu par extraordinaire la permission de pénétrer dans les appartements des femmes d'un algérois, en 1834, et qui en a rapporté un sublime tableau... et des commentaires exé- crables : "C'est beau ! c'est comme au temps d'Homère ! La femme dans le gynécée s'occupant des enfants, filant la laine ou brodant de merveilleux tissus. C'est la femme comme je la comprends !".
Assia Djebar se demande finalement quel chemin a été parcouru vers la liberté de ces femmes, en paroles, en mouvements, en pensées même peut-être, depuis un siècle et demi... La liberté est une longue quête, et la parole de ces femmes vaut d'être entendue.
Malheureusement, Assiar Djebar semble avoir peu de lecteurs parmi les rédacteurs de blogs... en tous cas pour ce livre. Je n'ai trouvé de commentaire que sur celui de Tipaza, avec un lien vers le très beau site Algeriades.com, qui propose une intéressante série d'articles sur la biographie et les oeuvres d'Assia Djebar. On notera également l'article d'Ecrits...vains , qui retrace le parcours de l'écrivaine et cite le recueil de nouvelles. Le Nouvel Obs a quant à lui relaté son élection à l'Académie Française, suffisamment événementielle en effet pour qu'on garde le fait en mémoire...
3 commentaires:
J'ai vraiment aimée ce livre surtout la partie: La nuit du récit de Fatima et Il n'y a pas d'exil.
Oui, ce n'est pas faux. La lecture ne nous a pas été inculquée. Dommage, je suis pourtant de la région de Assia Djebbar et j'en suis fière sans avoir lu même pas une ligne de ses oeuvres. TRISTE
je suis contant de lire un livre de assia djebbar et je peux dire qu'elle mérite un prix nobel aux niveau mondial et j'espere qu'elle sera acceptée par tous le monde .
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