10.12.05

Cosmopolis, de Don DeLillo

Je n'avais encore rien lu de cet auteur américain, dont j'avais cependant déjà entendu parler, et je me suis laissée tenter par l'édition de poche d'Actes Sud, dont le commentaire en quatrième de couverture m'a séduite.

L'œuvre est assez magistrale, cadrée et contrainte comme une pièce de théâtre. Unité de lieu : tout se déroule à bord - ou à l'immédiate proximité - d'une "strech-limo", ces limousines rallongées et luxueusement aménagées pour les richissimes de ce monde. Unité de temps : l'action se déroule sur vingt-quatre heures ou à peu près. Unité d'action : on peut dire sans se tromper ni trop déflorer le sujet que c'est le cheminement d'un homme vers une mort annoncée...
Sur cette base et en quelques 220 pages, l'auteur nous donne à voir tout à la fois New-York, notre monde contemporain, voire un peu futuriste (j'ai vérifié plusieurs fois à quelle date il avait été écrit, tant l'approche m'en a semblée pointue, prémonitoire... le bouquin se déroule en avril 2000, et a été écrit avant le 11 septembre 2001...), ses dérives, sa fausse légèreté, et la prise de conscience d'un homme. Les réactions et agissements du personnage principal sont tour à tour insolites et stéréotypées, ni tout à fait froides, ni sentimentales. Il inspire de l'intérêt, peut-être à cause de la vision aigüe qu'il a du monde, et de sa quête obscure d'une forme d'humanité, mais ni sympathie ni antipathie.

Quant à l'écriture de Don DeLillo, elle est carrément cinématographique. Avec une concision exemplaire (aucune ennuyeuse et interminable description), il plante si bien le décor qu'on voit littéralement l'action se dérouler sous nos yeux. Tout y est : décor, lumières, actions, acteurs, costumes...
Intellectuel, mais facile à lire et tout à fait captivant, c'est réellement un bon bouquin, une analyse de société qui à mon sens va plus loin que les habituelles critiques de la société américaine, la sempiternelle description du mal-être persistant de nos contemporains. Plus froide peut-être, plus distanciée sans aucun doute, et à ce titre assurément plus percutante.

Les critiques d'ailleurs sont bonnes, que ce soit dans Lire, dans L'Humanité - incluant une intéressante interview de l'auteur, sur le blog de lecteur Les carnets de JLK, ou dans le Washington Post (via RobWalker.net).

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