Qui dit vie commune avec un italien dit forcément gastronomie italienne... et littérature italienne. Dino m'a aidé à constituer une petite liste d'incontournables. Je me suis en effet aperçue que j'avais lu peu de choses : je connais bien mieux la musique et la peinture italienne que la littérature. Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire, et c'est un bonheur de découvrir des chef d'œuvre dont on n'avait même jamais entendu parler.
"Les Fiancés" de Manzoni ("I Promessi Spossi" en italien) est de ceux là.
L'argument est assez mince : deux jeune villageois, fiancés, sont empêchés de se marier, par la concupiscence d'un seigneur local et par les tribulations de l'histoire. Au delà du romanesque (l'histoire est captivante), Manzoni nous livre une fresque historique minutieusement documentée. Ecrit en 1823, "Les Fiancés" nous parle de la Lombardie du XVIIème siècle. De la famine et des émeutes dans Milan les années de mauvaise récolte. De la grande peste de 1630. Des décisions absurdes des politiques, qui pas plus alors qu'aujourd'hui ne savaient appliquer les avis des hommes autorisés... et parfois le simple bon sens. Des "petits arrangements" entre détenteurs du pouvoir, nobles, hommes d'état, parfois aussi hommes d'Église. Manzoni dénonce les manquements avec ironie, les iniquités avec gravité. Il nous parle aussi de la grandeur de certains, toujours en lien avec la religion : Manzoni est un fervent catholique, un janséniste même, qui fit convertir sa femme. Austère Manzoni ? Oui dans sa rigueur morale. Mais pas dans son écriture, qui foisonne même plutôt, digresse pour mieux revenir à son sujet, non sans avoir introduit quelque personnage ou quelque épisode haut en couleurs... Pas bégueule non plus. Les choses de la chair, si elles ne sont pas décrites à proprement parler, sont clairement présentes, et les personnages de Manzoni ne sont pas êtres désincarnés.
Moi qui fait profession de ne plus croire en rien, puisque les religions sont manipulées par les hommes qui en font des instruments de pouvoir, voire de guerre, puisque le pouvoir ne sert jamais que les intérêts d'une classe restreinte et non le plus grand nombre, j'avoue que j'ai trouvé comme un souffle de fraîcheur dans la promesse d'un avenir meilleur pour ceux qui ont la foi, et qui vivent selon cette foi... Valeurs désuètes. Dommage qu'on les croie aussi ringardes... C'est pour cela sans doute que le monde d'aujourd'hui nous apparaît si dépourvu d'espérance, qu'il est si difficile de croire en des jours meilleurs, tandis que notre présent se fait de plus en plus étriqué... M'enfermer dans les livres ? Non, mais m'y évader, oui, plus que jamais, je crois que j'en ai besoin...
Pour en savoir plus sur Manzoni, une biographie sur Italia Libri, et celle de Wikipedia, que je ne saurais trop vous recommander : c'est en plongeant dans la page « Ecrivain italien » que Dino et moi avons constitué la première liste de ce qu'il faut absolument avoir lu dans la littérature italienne. Et tant qu'on y est, si vous êtes passionnés de littérature, vous pouvez aussi entrer dans l'encyclopédie par le Portail Littérature, et pourquoi pas, participer (tous les liens rouges sont autant d'articles à écrire).
Quelques critiques du livre maintenant. Je partage les avis de celle proposée sur Culture & Révolution (tout un programme). Même si elle est juste, ne lisez pas celle d'Italia Libri avant d'avoir lu le bouquin : elle vous en dit trop ! Lire considère que ce livre incarne le caractère national italien. Je n'ai pas encore suffisamment lu pour confirmer ou infirmer, mais l'idée est intéressante. Et vous trouverez également sur le site un extrait du bouquin. Le papier de e-littérature est un brin lyrique, mais après tout, le bouquin l'est aussi. Mais brisons là : plutôt que de lire les critiques, lisez-donc le livre !
1 commentaire:
Merci.
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